J'ai parlé dans l'article précédemment de l'art d'Eric Chevillard pour l'épuisement. Entendons-nous bien, je n'entends pas par épuisement "L'état de quelqu'un dont les réserves nutritives ont été consommées ou dont le tonus nerveux est très réduit" (merci la rousse), mais plutôt
"l'action d'épuiser, de mettre à sec, de stériliser, d'user jusqu'au bout ou de s'épuiser ; fait d'être épuisé, tari" (merci encore).
"l'action d'épuiser, de mettre à sec, de stériliser, d'user jusqu'au bout ou de s'épuiser ; fait d'être épuisé, tari" (merci encore).
Chevillard et Kumeta propose la même chose en prenant un thème choisit et de l'épuiser, de le presser, telle une centrifugeuse littéraire et de nous faire sortir l'essence du thème.
Chevillard le fait par les romans. Kumeta par son manga, Sayonara Zetsubō sensei, littéralement Au revoir M. Désespoir. Ce manga aura duré sept ans, de 2005 à 2012 et est toujours en cours de publication chez Pika en France.
L'histoire de base est très simple, alors que le personnage principal Itoshiki Nozomu, un professeur suicidaire et extrêmement pessimiste tente pour la énième fois de se ôter la vie, il se fait sauver par une de ses élèves. Chaque élève de sa classe possède des traits de caractères particuliers, comme l'ultra positivisme, la dépendance aux technologies, une maniaco-dépressive etc. etc.
Chaque chapitre se décompose de la même manière, une scène d'exposition met en avant le thème qui sera abordé dans le chapitre, s'en suit un débat et des mises en scène mettant en valeur l'ultra pessimisme du héros, qui finit par être toujours au bord du désespoir "Je suis au désespoir, le (... insérer le thème) me désespère!". Le thème est asséché, assouvit souvent de manière drolatique voire absurde.
L'ensemble est ponctué de références à la culture populaire (le plus souvent japonaise, mais pas seulement). Le ton est souvent comique limite absurde par moment, tout en gardant un fond de sérieux dans ce désespoir.
Notons également qu'une trame de fond est présente et que malgré le format épisodique et redondant des chapitres une vrai histoire se tisse et personnellement, j'ai trouvé le final très émouvant.
Notons également qu'une trame de fond est présente et que malgré le format épisodique et redondant des chapitres une vrai histoire se tisse et personnellement, j'ai trouvé le final très émouvant.
Enfin, je terminerai par noter l'importance de la patte graphique du manga qui est un coup de cœur pour ma part. Une extrême finesse est apportée aux détails, les dessins fourmillent de référence et c'est un vrai plaisir de feuilleter ce manga.
"Nozomu est toujours à la recherche d’un remède à son extrême négativisme. Mieux vaut peut-être mentir que dire la vérité, mieux vaut peut-être ne pas juger sur les apparences… ou tout simplement, mieux vaut ne pas prévenir que guérir ! Est-ce qu’une petite excursion dans une source d’eau chaude pourrait lui changer les idées ?"